dimanche 29 octobre 2017

Harceleurs et harceleuses: que faire pour les écarter de l'entreprise?

Difficile ces jours-ci de manquer l'affaire Weinstein, du nom d'Harvey Weinstein, cofondateur des studios de cinéma Miramax. Le hastag sur le mur Facebook d'une amie #moiaussi a vite pris tout son sens.

Je ne sais pas vous mais cela ne m'a pas surpris au début que le sujet (le harcèlement sexuel dans le cadre du travail) semble être le monopole d'un sexe et puis après un peu quand même surtout après avoir trouvé les stats officielles. Car... qu'en est-il des chiffres sur ce fléau en France? Et qu'en est-il concernant les hommes car pour être honnête, je pourrais moi aussi mettre #moiaussi ! Du jour où une collègue m'a "dragué d'une façon un peu lourde...", chose qu'au moins on ne dira plus jamais.

Donc le harcèlement sexuel concerne 18% des Français et très précisément 28% des femmes et 7% des hommes. Voilà pour les statistiques qui sous-estiment sûrement la réalité.

Depuis bientôt 6 ans que je suis coach carrière, jamais je n'ai eu le sujet amené par aucun(e) client(e). Par contre, ce qui fait florès chez mes clients, ce sont les cas de harcèlement moral qui eux comme de nombre cas de harcèlement sexuel se règlent en catimini et finissent tout bonnement par un départ de la "victime" de la société.
Témoigner, c'est en effet s'afficher et influer sur sa réputation. C'est faire acte de courage en prenant le risque de susciter le doute, de ternir son image. Dans ces histoires, il n'y a pas de beau rôle. Et pourquoi aucun homme semble-t-il ne s'est emparé du hastag #moiaussi ? Vous imaginez un homme dire qu'il a été harcelé sexuellement par une femme. Vous imaginez ce qu'on penserait... Et oui, le sujet restera tabou cette fois-ci.

Il suffit de regarder le témoignage d'Asia Argento, une des supposées victimes d'Harvey Weinstein pour s'en convaincre: http://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/affaire-harvey-weinstein/video-asia-argento-le-poids-des-mots_2438163.html
L'actrice traînera désormais à vie cette image de la victime d'Harvey Weinstein qui a témoigné.

L'avantage de toute cette histoire est que beaucoup d'hommes et sûrement beaucoup de femmes hésiteront demain un peu plus alors qu'ils/elles s'apprêtent à engager une drague un peu lourde voire d'autres actes encore plus répréhensibles.

Mais le vrai sujet pour moi, c'est: que faire demain pour que les victimes de harcèlement parlent, quelque soit le harcèlement. Que faire pour que le persécuteur ou la persécutrice soit celui/celle qui soit écarté(e)?

Il existe déjà des procédures s'agissant du harcèlement moral sauf qu'elles ne fonctionnent pas: les RH vous en informent et vous mettent en garde sur le risque réputationnel pour votre carrière. Bref, la personne harcelée se voit souvent mise à l'écart et finira la plupart du temps par partir de l'entreprise. La hiérarchie fait corps. La loi de l'omerta s'applique.


Il faut selon moi une instance de branche, voire un organisme encore plus centralisé qui peut être saisi par tout(e) salarié(e) qui est victime d'un(e) harceleur(se) avec un médiateur qui recueille la parole et puisse engager un dialogue avec les Ressources Humaines de l'entreprise. Le sujet doit être pris à bras le corps de manière plus générale (la question du harcèlement et pas juste du harcèlement sexuel) et sans qu'il soit question de genre. Le risque est que rien ne change véritablement car un hastag ne fait pas forcément le beau temps.